LE GOUVERNEMENT SEMBLE CALER SA RÉFORME DES RETRAITES SUR LES DESIDERATA DU PATRONAT

Publié le par FO Nogent

Report de l’âge légal, allongement de la durée de la cotisation, pénibilité, rythme d’application des mesures, les idées préconisées par le MEDEF ont le vent en poupe auprès de l’exécutif à trois semaines de la présentation de l’avant-projet de loi.

 

Il ne faut pas se leurrer le seul but de la future réforme des retraites est d’augmenter la durée du travail des salariés. Les déclarations émanant du pouvoir exécutif le confirment jour après jour. La seule question qui le taraude encore, c’est celle de la vitesse à laquelle les mesures liées au report de l’âge légal et à l’allongement de la durée de cotisation doivent être mise en oeuvre. Alors que le gouvernement raisonnait jusque-là sur une «progressivité» d'un trimestre par an, le Premier ministre François Fillon déclare aujourd’hui à «l'Est républicain» que «la question du rythme est en débat». Histoire sans doute de régler ses sabots sur ceux du Medef, dont la patronne Laurence Parisot a plaidé mardi pour le rythme d’un semestre par an. Dans cet entretien au quotidien régional, M. Fillon confirme aussi que «si on fait bouger l'âge légal, on fait bouger tout en même temps» (voir notre article du mardi 1er juin). La promesse d’une réforme juste par une répartition équitable des efforts semble donc s’éloigner. Il en est ainsi de la prise en compte de la pénibilité présentée comme un moyen de faire avaler la pilule aux salariés. M. Fillon ne dit d’ailleurs pas un mot sur le sujet.

Son ministre du Travail, Eric Woerth s’en était chargé dans une interview diffusée le week-end dernier par le Journal du Dimanche. «Nous réfléchissons à une logique d'individualisation», y déclarait M. Woerth, qui ne veut pas lier la pénibilité à un métier mais aux «effets différents qu'elle peut avoir sur différentes personnes, et de (les) vérifier» Serait alors retenu l’approche dite par exposition aux risques: contact avec des produits chimiques, travail de nuit ou port de charges lourdes. Aux syndicats qui souhaitent que des branches professionnelles soient considérées comme «pénibles» afin d’assurer à leurs salariés un départ anticipé, le ministre a répondu: «je ne vais pas recréer des régimes spéciaux». Le gouvernement se calerait là aussi sur les desiderata du Medef. «Je préconise (…) de valider au cas par cas des mécanismes de bonification de durée de cotisations ou des dérogations au report de l'âge légal de départ en retraite», a proposé Mme Parisot. Rappelons que la prise en compte de la pénibilité devait déjà être une contrepartie majeure de la réforme Fillon de 2003 avant de s’enliser dans des négociations interprofessionnelles en raison justement de la mauvaise volonté du Medef. En 2008, après la l’échec des négociations, le gouvernement s’était engagé à reprendre en main ce dossier. Sans suites.

A côté de cela, on ne sait toujours rien sur la fameuse taxe exceptionnelle sur les hauts revenus et les revenus du capital. D’après le quotidien économique Les Echos daté du 1er juin, le gouvernement en serait encore à étudier la faisabilité technique d’une telle mesure alors que la présentation officielle de l’avant-projet de loi sur la réforme des retraites doit intervenir dans moins de trois semaines.

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